| | *~¤ Trajan Gwathren ¤~* | |
| | Auteur | Message |
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Trajan Gwathren
Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 16/09/2007
| Sujet: *~¤ Trajan Gwathren ¤~* Dim 14 Oct - 22:57 | |
| Nom : Gwathren
Prénom : Trajan
Age : 80 ans (il en paraît entre 20 et 25)
Race : Humain
Emploi : Alchimiste
Caractère : C'est une tombe, une muraille, un bloc, tout ce que vous pouvez trouver de dur, froid et silencieux. Taciturne et impatient, il sait se faire comprendre, plus ou moins douleureusement pour son interlocuteur. Doué d'un sang froid et d'un sadisme à faire frémir, il peut torturer sans sourciller, sans ressentir un pincement au coeur, seulement de la jubilation, celle de celui qui détient le pouvoir. Prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut, il sait être menteur et manipulateur comme franc et cajôleur à en faire peur.
Doté d'un charisme et d'un charme fous, ajoutés à sa poigne de fer, ces atouts lui enlèvent bien des chances d'être anéanti sans confrontation physique. Son humour noir et malsain ressort à toutes les occasions qu'il trouve, et même s'il dégoûte les autres, ce qui le rend au contraire heureux de savoir qu'il n'est pas aimer. Capable de tuer pour n'importe quelle raison, il hésite encore moins en ce qui concerne tout ce qui peut le rendre humain, l'y faire ressembler.
Intelligent et fin connaisseur des sentiments humains, il utilise toutes les méthodes pour manipuler les gens, que ce soit par un secret bien gardé, une personne à qui l'on tient, tout ce qui peut passer au travers des mailles et des apparances. Il fait aussi usage de son charme, de promesses dérisoires qu'il ne tient bien sûr pas.
Cependant, il a gardé quelques atraits humains qu'il préfère ensevelir sous sa montagne de défauts : il ne peut se détacher de la pitié qu'il peut avoir pour certaines personnes. Elles sont rares et il ne les supporte pas, même s'il ne se résoult pas à les faire disparaître, aussi préfère-t-il les éloigner le plus possible de lui. Il ne connait pas vraiment la peur, la mort n'étant pas un soucis pour lui et cette dernière étant la plus grande chez l'humain avec la perte d'êtres chers, il ne ressent plus ce sentiment, ou presque plus.
Physique : Il a une apparance de jeune homme, malgré son âge. Grand et large d'épaule, tout en réstant fin et élégant, ce serait un séducteur s'il le voudrait. Des cheveux noirs de jai en bataille lui retombant devant les yeux de mêmes teintes lui donne cet air plus jeune, presque innocent. Une peau matte et lisse, certainement héritée de son père marin. Son port presque militaire le rend plus impressionant qu'il ne l'est, sans oublier son magnifique sourire sadique qu'il arbore dès que quelque chose l'amuse ou l'agace (dur de savoir, à la vérité, la différence).
Quand il prend la nature qu'on lui a donné, son caractère sadique se renforce. Il contrôle ces mutations, quoique certaines ne le sont pas malheureusement. Les quelques rares personnes qui l'ont connu sous cette forme ont forgé sa réputation de tueur avide de sang et de chair humaine. Réputation bâtie à la fois sur des faits véridiques et des appréhensions.
Niveau musculature, ce n'est pas un Hercule. Il a ce qu'il devrait avoir pour un jeune homme sportif de 25 ans environ ; il ne sort donc pas du lot par une masse musculaire démeusurée. Ses grands mains habituées à toutes sortes de travaux sont dites fines et délicates par certains, et pourtant rudes et dures par d'autres.
Il ne décolle pas du noir, pour sa tenue vestimentaire, sauf quand il "rend visite à quelqu'un d'important" où hypocritement, il se met en blanc. Il porte une bague à la main droite, et une autre autour de son cou, au bou d'une fine chaîne en argent qu'il tripote tout le temps quand il rélféchit.
Il est rare que ses sourires soient sincèrement bons, même si ça lui arrive par erreur. En général, ils sont discrets et en coin, les autres dévoilent bien ses canines pointues, quoique de taille normale, et ils sont surtout l'affichage d'un air sadique à glacer le sang.
Une fois transformé : Il ne change ni de carrure ni de stature ni de visage. Reconnaissable et pourtant bien changé, sa peau se recouvre d'écailles noires et brillantes, qui semblent dures comme de l'acier. En réalité, elle sont seulement un peu plus resistantes que sa peau, ce qui le défent est le reste ; ses ongles s'allongent en de longues griffes effilées comme des lames de rasoir, couleur d'acier. Ses dents deviennent plus pointues et redoutables, ses caninces plus développées que les autres.
Pouvoirs : Il maîtrise l'ombre que son propre corps génère. Il empêche ainsi la visibilité de ses adversaires. Il a aussi la capacité de varier le poids de n'importe quel métal, et par conséquent, leur vitesse. Donc, il peut varier la vitesse de ses attaques tout en bouchant la vue de ses opposants.
Arme(s) : Un épée dont il ne se sépare pas à l'extérieur de sa tour. Une dague qu'il balade partout, glissée sous sa chemise. Une fois transformé, il a aussi ses griffes et ses dents pour se défendre, ainsi que quelques techniques de combats qu'il arrive mieux à appliquer pour une raison inconnue sous cette forme.
Autre : Il ne supporte pas qu'on lui parle de son passé. Il apprécie beaucoup (notez, soulignez,apprenez, mangez-le en salade mais retenez le "beaucoup") le calme. Il s'enferme une fois par an dans une pièce pendant toute une journée, en commémoration de la mort de sa fiancée.
Dernière édition par le Jeu 15 Nov - 21:44, édité 1 fois | |
| | | Trajan Gwathren
Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 16/09/2007
| Sujet: Re: *~¤ Trajan Gwathren ¤~* Jeu 25 Oct - 22:34 | |
| Histoire : - Spoiler:
Il naquit comme tous les enfants de parents normaux, dans des conditions normales, du moins au départ. Son père était marin, un homme comme on en trouve des centaines sur l'île. Un jeune homme tout ce qu'il y a de plus semblable aux autres, et pourtant ce fut sur lui que la belle jeune fille qui marchait le long des quais daigna poser son regard. Elle était fraiche, délicate, toute fine et menue au milieu de tous ses gaillards dégoulinant sous le soleil de plomb et le dur labeur. Ses longs cheveux retenus par un foulard rouge délavé ne servait plus à grand chose et des mèches de jais retombaient devant son visage noirci de houille et de poussière. Comme tous les autres, sur le passage de la demoiselle, il s'arrêta et s'appuya sur la pelle qu'il utilisait depuis deux heures pour charger le charbon dans le bateau qu'il devait faire voguer avec ses coéquipiers jusqu'au continent. Elle était sublime dans sa robe de lin bleu. Rien à voir avec les filles qu'il avait connues jusqu'ici ; elle avait quelque chose de noble et de bien sûr inaccessible pour un gars comme lui à qui on promettait peut-être la plus jolie fille du port, mais une moins que rien quand même. Il leva les yeux et croisa ses yeux vert d'émeraude. Une mèche blond d'or retomba sur son front avec une jolie ondulation et il la salua d'un signe de tête. D'un charmant sourire de ses lèvres pulpeuses, couleur de nacre, elle lui répondit et passa son chemin. Tout le monde reprit la besogne une fois qu'elle fut passée.
Si l'on parle ici de son père, c'est que Trajan a beaucoup hérité de son père, aussi bien physiquement que par certains aspects de sa personnalité, sans pour autant le connaître ou l'avoir déjà vu. Continuons donc cette histoire jusqu'au bout.
Il n'avait que vingt ans à l'époque et il n'était encore jamais tombé amoureux. Et pourtant, cette fille lui resta en tête les deux ans de son voyage. Il la savait déjà mariée à quelqu'un d'important, et tout au long de son périple, il se demandait qu'elle vit pouvait-elle bien mener, sachant pertinemment qu'elle devait certainement l'avoir oublié. À bord on lui avait dit que c'était la fille de l'alchimiste royal. Comment pouvait-elle se souvenir d'un petit marin comme lui, un gars comme il y en avait des centaines sur les quais, un gringalet, qui plus est ! Deux ans plus tard, donc, accosta le navire à l'endroit précis où il avait quitté le port. Et sur les quais, drapée dans un grand manteau d'hiver, une jeune fille dont la capuche rabattue empêchait de voir le visage retint Tsvetan par la main. Regardant alors cette inconnue, étonné, il reconnut le doux sourire enjôleur et la peau de lait. Lui souriant en retour, ce fut comme s'ils se connaissaient déjà : -Puis-je vous accompagner quelque part mademoiselle ? Il lui tendit le bras qu'elle prit et ils partirent tous deux, bras dessus bras dessous, sous les regards ébahis des autres marins à peine arrivés à terre.
Contrairement à toute attente, Urien Gwathren, père de sa douce, accepta sans sourciller le mari qu'elle s'était choisie et leur union fut des plus heureuses. Mais s'il était un homme des plus agréables en ménage, le jeune homme n'en avait pas oublié son amour pour la mer et sa témérité le faisait sans cesse retourner en mer pour une durée plus ou moins longue. Elle ne disait rien, elle savait qu'il revenait entier. Elle ne pouvait se résoudre à le garder enfermé à terre, il était trop malheureux, comme un animal en cage.
Elle fut enceinte, le bonheur qu'elle pensait le plus grand de sa vie. Lui aussi le pensait, mais il n'eut pas le loisir de le vivre. Alors qu'il était parti pour deux mois en mer et qu'elle l'avait attendu comme de coutume avec patience, malgré les conseils qu'on lui avait donné, elle était allée l'attendre sur les quais au milieu de son huitième mois de grossesse. Le bateau était arrivé, tout le monde l'avait salué en descendant, tous les maris avaient serré leur femme dans leurs bras, tout le monde pleurait de joie, tout le monde riait, tout le monde était heureux. Et au milieu de toute cette foule, elle attendait. Elle attendait au rythme de son coeur, cherchant le moindre signe de sa présence. Et c'est alors qu'on vint vers elle. C'était un homme qu'elle ne connaissait pas. Il semblait plus âgé que les autres, un érudit de la mer ; le capitaine, sans doute. Un air contrit sur le visage, gêné de s'approcher de la délicate jeune femme, il la regarda d'abord longuement et lui demanda poliment, de sa grosse voix brute :
-C'est vous la femme de Tsvetan ?
-Oui, répondit-elle gracieusement.
-Vous feriez mieux de rentrer chez vous, dans votre état vous devriez être au chaud, pas dehors par ce temps.
Et il passa à côté d'elle, comme s'il ne lui avait pas adressé la parole.
-Où est-il ?
-Il est mort.
Ces trois mots dérobèrent le sol de ses pieds. D'un coup, elle se sentit encore plus seule qu'elle ne l'était au milieu de tous les couples qui se retrouvaient. Elle avait déjà vu des femmes pleurer la mort de leur mari sur les quais, et à plusieurs reprises elle avait essayé de se représenter ce que cela lui ferait si elle perdait Tsvetan. Elle pensait que sans doute elle aurait la même réaction et ce jour-là elle se rendit compte qu'elle ne pouvait pas. Trop abattue pour avoir la force de pleurer, elle resta plantée sur place à fixer le vide, dans le froid. Elle ne ressentait plus le froid mordant tant la douleur intérieure était grande. Elle avait perdu toute sa vie, même l'enfant qu'elle portait ne comptait plus. En cet instant, elle avait envie de mourir, tant pis pour ce qu'elle gâchait. Et tout l'île sait aujourd'hui ce qu'elle a gâché, sans savoir que c'est en quelque sort elle la responsable de tant de malheurs à suivre.
Quinze jours plus tard naissait un petit garçon qu'elle ne daigna même pas regarder ni prendre dans ses bras. Il était petit, trop petit selon la sage-femme. Comme sa mère refusait de le nourrir, de s'en occuper, de le prendre dans ses bras, selon l'avis de tous, il était voué à sa perte. Voyant sa fille dans le noir le plus total, comme une enveloppe sans âme ; elle n'était plus qu'un corps qui en avait trop vu pour contenir encore ce qui lui servait à avancer, comme si elle avait décidé de rester figé dans le temps. L'alchimiste royal donc, alla la voir pour prendre de ses nouvelles et tenter de la remettre sur les rails, disait-il. Enfin, ce n'était qu'une apparence. En réalité, c'était beaucoup plus compliqué que cela.
Passant quelques jours en la compagnie de sa fille, il lui parla de longues heures durant. Ce qui fut dit, jamais personne ne le sut, mais les dons d'orateur de l'homme aux milles visages était bien connu. En plus d'avoir changé sans cesse de corps et d'avoir mené des recherches malsaines pour parvenir à de sombres fins, cet homme, si l'on pouvait encore appelé ça comme ça à cette époque, était un fin manipulateur, connaisseur de l'esprit humain, et celui de sa descendance encore plus. Ses desseins, elle ne les connaissait pas et elle s'en moquait éperdument, elle ne voulait que mourir.
Afin de récupérer ce qu'il voulait, il la persuada que sa vie n'avait plus aucun sens et qu'elle n'avait pas à rester parmi les vivants. Selon lui, mieux valait qu'elle rejoigne son aimé pour ne plus souffrir ; son enfant était déjà mort car il ne pourrait pas vivre dans les conditions dans lesquelles il était né. Et elle l'écoutait, buvant ses paroles ; lui trouvant les meilleures intentions du monde. Pour elle, il faisait ça pour ne plus la voir souffrir. Pensez-vous ! Un homme comme lui, se rendre malade pour quelqu'un ? Pourquoi donc sa femme avait disparu mystérieusement quelques dizaines d'années plus tôt, à votre avis ? Les gens ne savaient pas tellement nager, c'était vite fait de faire tomber quelqu'un du haut d'une falaise. Personne ne découvrait le corps, on avait juste à jouer la comédie et en face à se morfondre à votre place.
Choisissant la mort plutôt que la raison, on retrouva le corps de la jeune femme sur une plage. Elle s'était jetée -sans le savoir- de la même falaise qui avait servi de mobile à son père pour sa propre mère. Comme de juste, l'enfant fut placé entre les mains de la famille. Le défunt père du nourrisson ayant été un orphelin, se furent les mains souillées de sang de l'aïeul alchimiste qui récupéra le pauvre petit qui ne savait pas encore ce qu'il allait vivre.
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| | | Trajan Gwathren
Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 16/09/2007
| Sujet: Re: *~¤ Trajan Gwathren ¤~* Mer 31 Oct - 1:02 | |
| - Spoiler:
Par une nuit sans lune, au beau milieu des Montagnes Dorcha, un homme se tenait un paquet dans les bras au centre d'une espèce de sanctuaire gravé dans la roche. Au centre de ces étranges gravures, on avait déposé une large vasque d'argent, elle aussi ornée de runes sculptées. Son contenu était une quantité impressionante de sang d'un beau rouge ; mais pas n'importe quel sang, celui d'un animal attaché à la roche à dix mètres seulement du lieu de culte. Un dragon très ancien était enchaîné à la montagne même, un gros anneau cloué dans la roche le rattachant au massif. Seul témoin de la scène, il se demandait bien ce que cet humain faisait avec un être si petit et si jeune et un genre de bassine remplie de son sang.
Urien s'avança vers le receptacle plein de sang et défit la pièce de tissu qui enveloppait Trajan, son petit fils. Regardant le nourisson d'à peine quelques semaines, un sourire malsain passa sur ses lèvres fines et il déposa avec délicatesse l'enfant dans la vasque dont le niveau de liquide dépassait de loin le bout du nez du petit. Alors, l'alchimiste attendit.
Le petit corps fragile s'agitait sous la surface. Bien sûr, en de bien vains efforts. Les bulles d'oxygène qui occupaient avant ses poumons remontaient les unes après les autres, indiquant que sa fin était proche. Alors, l'homme sortit de sa poche un morceau de parchemin plié en quatre. Le nourrisson hurla. Le sang commençait d'envahir sa cage toraxique, se heurtant avec le peu d'air qui s'y trouvait encore, le faisant tousser et ravaler immédiatement le liquide. C'était un terrible spectacle à voir pour toute personne dotée d'un coeur. Mais Urien en ayant tué sa femme et sa propre fille avait déjà passé ce cap.
L'enfant ne comprenait pas ce qui se passait. Au plus il respirait, au plus la douleur augmentait. Peu à peu, le sang remplissait ses poumons, sa gorge, son estomac, tout. Lui qui voyait toutes les couleurs, il n'en percevait plus qu'une, le rouge. Ce voile qu'on lui avait imposé s'obscurcissait de plus en plus. Il virait au noir. Que se passait-il ? Il ne comprenait pas qu'il mourait. Il mourait lentement, dans la douleur et il ne le saurait jamais. Une voix parvint cependant à ses oreilles. Une voix grave, qui résonnait comme si la cérémonie macabre avait eu lieu dans une église.
Le vieil alchimiste acheva l'incantation et attendit de voir le résultat. Alors, comme s'il était animé d'une volonté propre, le sang s'éfilocha en longs serpentins rouges foncés qui rentrèrent les uns après les autres par la bouche du petit cadavre gisant dans la vasque. Le témoin à écailles de la scène n'en crut pas ses yeux. De toute sa longue vie de dragon, il n'avait jamais vu plus grande cruauté. Qu'est-ce que cela apportait à cet homme de tuer cet enfant ? Et surtout pourquoi le mêler à son sang à lui ?
Une trasnformation des plus horribles s'ensuivit. Le nourisson mort rouvrit les yeux, ses prunelles devenues aussi rouges que la braise. Avec lenteur sa peau se recouvra d'une épaisse cuirace noire et luisante. Des dents poussèrent avec vélocité, arrachant un cri de douleur à l'hybride. Les petits ongles se rallongèrent d'un coup, devenant de grandes griffes redoutables. Là, dans le récipient, alors que quelques instants plus tôt reposait un petit être adorable, siègeait dès lors un monstre sans nom qui allait commettre les plus grandes atrocités que l'on peut commettre quand on vit dans la société humaine. Et cet être avait été créé avec la haine et la soif de pouvoir. Il allait grandir avec, devenir le pantin pour finir le maître, celui qui tire les ficelles. On l'avait créé pour qu'il soit éternel et puissant, et l'on ne s'était pas trompé, cependant comme toute création de fous, celle-ci s'est évadée par la porte qu'on lui avait laissée grande ouverte.
Alors que tout semblait perdu dans les ténèbres les plus profonds, une petite lueur se présenta sur le chemin de Trajan. Elle était petite et menue, aussi jolie et frâîche que les perces-neiges. C'était une journée de forte pluie. L'hybride était descendu dans les cachots de la tour pour y chercher la nouvelle victime des expériences de son grand-père. Il l'avait choisie au hasard, alors que tous les prisonniers se serraient dans le fond de la cellule. Se tenant de toute sa hauteur, l'homme serpent avait dévoilé ses canines pointues en un sourire carnassier. Son regard avait scrupté les captifs, un à un, pour tomber sur une longue chevelure noire de jaie, sale et emmêlée. Sous les mèches effilées, un visage fin et pâle, exprimant une gande pureté, comme s'il s'agissait d'un ange. Sans vergogne, il s'était saisi de son bras frêle et l'avait faite levée. Elle tenait à peine debout, mais contre toute attente, elle leva les yeux et croisa son regard. Il n'y lut pas la peur. Elle aurait dû avoir peur, comme tous les autres qui tremblaient rien que d'entendre ses pas dans le couloir. Quelque chose au fond de ses prunelles disait qu'elle ne ressentait plus aucune frayeur, qu'elle n'avait plus à en ressentir, comme si elle était déjà morte. Sans montrer plus de surprise à la voir si docile et silencieuse -peut-être était-elle muette-, il la fit sortir, la maintenant pour ne pas qu'elle tombât. Etrangement, il avait à coeur qu'elle arrive dans le même état au sommet de la tour.
Quand son grand-père posa les yeux sur la pâle créature que lui ammenait Trajan, celui-ci renifla de mépris et constata qu'elle était trop maigre pour lui servir. "Fais-en ce que tu veux. Elle est bien mignone, profites-en pour t'amuser." avait-il ajouté. Comprenant qu'elle n'avait pas à retourner avec les prisonniers, il l'avait jetée dans une pièce qui avait été autrefois la chambre de sa mère.
-Tu as de quoi te laver et te changer. N'essaie surtout pas de sortir sinon je te saigne et je t'empalle au-dessus de la porte d'entrée pour montrer l'exemple.
-Vos menaces sont toujours aussi douces, seigneur, répondit-elle. Mais qui sait si votre cruauté ne serait pas adoucie face à une pauvre aveugle.
-Tais-toi, sale chienne ! Comment oses-tu me répondre !? N'as-tu pas peur que j'exécute ma menace ?
-Je vous en sais tout à fait capable, seigneur, mais voyez-vous, avec ce que je vis en cet instant, je préfère encore perdre la vie plutôt que continuer mon chemin.
-Eh bien dans ce cas tâche de ne plus me provoquer si tu ne veux pas que je t'envoies directement en enfer !
Et il claqua la porte.
Dernière édition par le Dim 2 Déc - 0:14, édité 1 fois | |
| | | Trajan Gwathren
Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 16/09/2007
| Sujet: Re: *~¤ Trajan Gwathren ¤~* Sam 1 Déc - 23:49 | |
| - Spoiler:
Quand il revint quelques heures plus tard, avec en tête la réjouissante idée de pouvoir empâler sa future victime, il se figea sur le seuil de la porte. Dos à lui, face au lit, la jeune femme était en train d'essayer de revêtir une robe qu'un garde avait sans doute eu la bonté de lui mettre sur le couvre-lit. Dans les rayons colorés que le vitrail laissait passer, il remarqua sa magnifique chevelure noire soigneusement peignée, brillante et fine comme de la soie, sa peau claire et pure, tout comme la finesse de sa taille et la délicatesse de ses mains. La robe rouge sombre qu'elle tentait de revêtir lui irait à merveille, et si elle ne parvenait pas à l'enfiler totalement ni à serrer la ceinture d'une douce teinte orangée brodée d'or, l'envie le démangeait de lui ôter ce devoir. Restant sans rien dire ni bouger, il la fixait sans pouvoir s'en détacher, comme attiré par elle.
Sentant sans doute sa présence, elle se retourna et encore une fois parvint à trouver ses yeux. Mais son regard était vide. Etait-elle réellement aveugle comme elle l'avait prétendu ? Ses lèvres pulpeuses s'étirèrent en un doux sourire. Du temps où elle avait encore la liberté, elle devait être très courtisée et voilà que lui, l'homme serpent, l'un des hommes le plus craint du pays la tenait entre ses mains sans savoir quoi en faire. S'il avait été un homme normal, il aurait su apprécier la courbe de ses formes, sa peau voluptueuse et la sensibilité qu'elle inspirait sans doute à tous. Mais il était un tueur entraîné dont la cruauté surpassait l'entendement, il n'y avait dans cette poitrine la place pour aucun sentiment autre que ce qui se rapportait à la guerre pure et dure. Rien ne le touchait et il se demandait bien pour quelle raison cette fille, cette simple fillette de paysan lui inspirait tant de poésie.
Comme ils restaient à se fixer sans vraiment se regarder, il s'avança alors et attrapat les deux pans de la robe qui tombait de chaque côté. Il ne savait pas les subtilités des vêtements féminins ni leur richesse, mais il fit comme il put. Croisant le tissu sur la poitrine de la prisonnière, il remarqua l'harmonieuse courbe de ses seins et de ses hanches. De ses mains fines et plus habituées à tuer, il passa la ceinture autour de sa taille et fit plusieurs tours, prenant soin de ne pas trop serrer. Du soin ? Lui ? Peut-être bien, en effet. Peut-être bien qu'il en était capable. Après tout, n'était-il pas considéré comme un bon parti quand on ne savait pas sa véritable nature ni ses loisirs ?
-Merci, dit-elle alors.
Il eut un reniflement de mépris et se posa devant la fenêtre.
-Tu es aveugle et tu arrives à me fixer dans les yeux, crois-tu vraiment que tu vas pouvoir me prendre longtemps pour un imbécile ? Je suis peut-être un guerrier mais je ne suis pas simple d'esprit.
-Je le sais, seigneur, et je ne doute pas un seul instant de votre esprit. Ma cécité est simplement partielle. Ma vie est composée de contours flous et des tâches éparses de couleur.
-Tu es une paysanne, comment peux-tu si bien parler ? demanda-t-il plus méprisant que jamais.
-Ma mère était preceptrice. Comme elle ne pouvait m'apprendre ni à lire, ni à écrire, elle m'a appris à parler, seigneur.
Un long silence s'installa entre eux et ils restèrent encore quelques instants ainsi, avant qu'il ne sorte sans rien ajouter de plus, ni un mot, ni un regard.
Force lui était d'avouer que plus le temps passait, plus il appréciait la présence de cette petite aveugle. Elle avait de l'esprit, et encore plus étrange, comprenait quels étaient les moments où le silence était nécessaire. Ainsi parfois restaient-ils assis en face l'un de l'autre, sans se regarder ni se parler, simplement plongés dans leurs pensées. Elle ne pouvait pas lire et était donc contrainte de rester dans son monde. Plusieurs fois, Trajan s'était attelé à lire pour elle, mais bien souvent l'un et l'autre se lassaient des livres que l'alchimiste possédait. Bien entendu, l'homme serpent n'avait pas cessé ses activités et continuait ses massacres, ses tortures et ses meurtres. Elle ne disait rien, se contentant de commenter son attitude avec elle. Etrangement, elle semblait supporter sa présence, mais pas par peur de se faire dévorer, non, par choix délibéré. Elle n'était pas femme à se laisser marcher sur les pieds, aussi quand il devenait odieux ne se gênait-elle pas pour le lui dire. Et lui, ne lui disait rien. Il acceptait sans rien répondre. Qu'avait-il à répondre, de toute façon ? Sa douceur et sa gentillesse remplaçait tout le reste. Lui qui était son parfait contraire, était heureux d'avoir encore quelque chose à apprendre, et ce avec la plus belle des ensignantes.
Un jour il revint blessé, sous sa vraie forme, celle du monstre qu'il était en réalité. Impossible était pour lui de se montrer sous ce jour aux yeux de la belle, aussi avait-il décidé de s'enfermer dans ses appartements et ses sous-fifres de réclamer un médecin. L'alchimiste ne voulant pas se déplacer et aucun médecin ne se trouvant sur place, la jeune femme se dévoua. On lui dit que ce n'était point là un travail pour une fille délicate comme elle, d'autant qu'elle ne voyait pas bien, mais elle insista, assurant qu'elle saura y faire.
La forme noire sur le lit ne lui fit pas peur, mais Trajan quand il comprit que c'était elle lui demanda de sortir. Elle n'en fit rien et s'asssit à ses côtés, sur le lit. Comme elle y voyait flou, il pensait bien qu'elle allait avoir du mal, quoique les plaies ouvertes fûssent rougeâtres. Avec beaucoup de soin et de patience, elle les désinfecta toutes, l'une après l'autre, n'ayant pas peur de souiller de sang ses belles mains blanches et fines.
Comme elle eut fini de panser les plaies, il attrapa sa main et la remercia faiblement. Sa vue légèrement trouble distinguait ses traits fins et délicats comme ceux d'un ange venu le sauver pour une raison inconnue qui n'était pas fondée dans son esprit. Comme une tendre mère, elle se pencha sur lui et posa sa douce main sur la joue noire et recouverte d'écailles. Il devait lui être répugnant, et pourtant, elle ne disait rien, comme s'il était sous son apparance humaine.
-Pourquoi ? lui demanda-t-il.
Elle se pencha plus et l'embrassa avec douceur. Il ne connaissait pas cette sensation, aussi en apprit-il une nouvelle. C'était merveilleux et effrayant à la fois. Cette impression de tomber dans le vide, de planer et de n'être plus ni humain ni dragon, mais seulement vent et vitesse.
Surpris de constater sa retransformation, il profita du fait de ne plus avoir de griffes pour aller caresser la joue aux hautes pomettes. C'était instinctif. Il ne savait pourquoi il conservait ses lèvres sur les siennes, mais ce contact était si agréable. Sa main descendit lentement, lentement vers la hanche de cette belle inconnue, Ume, qu'il avait aimé sans jamais vraiment le savoir jusque là.
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| | | Trajan Gwathren
Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 16/09/2007
| Sujet: Re: *~¤ Trajan Gwathren ¤~* Dim 30 Déc - 14:06 | |
| - Spoiler:
Cet amour était sans doute trop contre nature pour durer, ou alors Trajan idéalisait-il la belle, ce qui en résulta fut la plus grande horreur jamais commise en un siècle. Sans doute que même une guerre était plus facilement défendable...n'importe quel acte était défendable comparé à celui-ci !
Il s'était absenté un mois. En réalité, il pensait d'abord partir trois jours. Trois malheureux jours, qui à la base n'était qu'une expédition, un genre de raid organisé pour jouer un mauvais tour à cette chère reine qui allait peut-être finalement céder. C'était un peu après qu'Urien Gwathren se soit vu déchu de son rôle d'alchimiste royal, et il était dès lors, libre de faire ce que bon lui semblait. Ainsi il avait aussi souhaité se venger de sa douce souvereine et avait envoyé Trajan s'en occuper. Mais cer dernier n'avait pas eu le succès qu'il aurait espéré, et se retrouva bloqué pendant toute une lunaison, autant dire une absence assez longue pour laisser place à de biens sombres théâtres.
Ansi, assoiffé de jeunesse, Urien avait encore changé son apparance en choisissant un beau petit paysan dont la mort ne ferait rien à pesonne. Comme son descendant était absent, le vieux pervers en profita pour approcher de plus près la belle de ce dernier. Elle ne se laissait pas faire, mais il y allait doucement, l'approchant avec courtoisie, douceur. De moins en moins farouche, elle se laissa à dire qu'il était l'un de ses amis. Pauvre enfant innocente ! Elle ne devait pas avoir plus de vingt cinq ans et voilà déjà six ans qu'elle avait apprivoisé Trajan, pour tout détruire sans le savoir. Au bout de deux semaines, on lui apporta la nouvelle que son amant était mort. Abattue, elle se laissa tomber dans les bras d'Urien et bientôt plus.
À son retour, Trajan l'apprit et de rage, il ne sut plus quoi faire. Sans réfléchir, il entra en trombe dans la chambre d'Ume et hurla à pleins poumons qu'il devait savoir la vérité, et elle la lui dit. Ce fut comme un coup de fouet, le premier de toute sa vie. Jamais auparavant quelque chose ne l'avait autant énervé, car il n'était avant tout qu'un homme. Il ne lui fit rien d'abord, pendant bien qu'elle avait été duppée, et s'en alla quérir des informations auprès de son cher créateur. Ce dernier ne nia rien, étant parfaitement d'accord avec le récit que lui avait tenu l'un des gardes...à un détail près. Ce que ne savait pas l'homme serpent, dans cette histoire, c'était la facilitié, face à sa disparition, de sa compagne à s'être jetée dans le lit de l'alchimiste. Ce fut dur à assimiler, mais pourtant si facile à croire ! Ce que n'avait pas calculé le grand-père de Trajan, dans cette histoire, c'est qu'il avait créé un monstre ; un monstre qu'il avait dressé à tuer ses ennemis et ce dans la plus grande des souffrances mais aussi qu'il l'avait créé à partir d'une créature ayant fait des ravages chez les humains en son temps. Et la chose qui échapa à cet instant à Urien Gwathrent, était que son petit-fils, bien qu'humain à la base, était devenu aussi cruel que ce dragon légendaire qui lui servait d'exemple : il se moquait si la chair qu'il mangeait était humaine, ou non.
Les cris du vieil alchimiste résonnèrent longuement dans les murs de la tour. De longs cris de souffrance intense et infinie. Non, jamais Trajan n'aurait fini de lui faire payer le prix. Sa colère était insatiable, et sa docilité n'en avait pas moins filé comme la fumée d'un brasier un jour de grand vent. Chaque petite parcelle de chair arrachée était accompagnée d'une beuverie gloutonne du fluide vitalen, créant des hurlements de couleur et incantations à la pitié. Mais il n'y avais plus de pitié dans les yeux de l'homme serpent, ni dans son coeur, d'ailleurs. Car s'il n'avait pas eu de coeur, jamais il n'en serait arrivé à un tel niveau de cruauté et d'horreur. Mais cette souffrance qu'il infligeait calmait sa rage. Chaque goutte de sang avalée avait le goût délicieux de la vangeance bien réussie. Il ne se vengeait pas seulement pour l'adultère, non, mais aussi pour cette existence pourrie et caduque que lui avait donné dès sa plus tendre enfance cet énergumène.
Et puis, le jour vint où le vieillard rongé par le temps ne tenait plus. Il allait mourir sous peu et Trajan décida de lui ôter la vie dans la plus grande des douleurs. Creusant avec furreur la chair de ses longues griffes d'argent, il ouvrit le poitrail jusqu'au coeur, et croqua la moitié de celui-ci d'un vif coup de dents. La scène était une boucherie inommable. Du sang recouvrait les trois quarts de la petite sale de torture et les lamentations étaient montées dans les aigües au point qu'elles étaient presque devenues inaudibles. Il acheva son travail et on jeta la carcasse au corbeau une fois l'alchimiste bien mort.
Ume connut un sort moins horrible, et cent fois plus enviable que celui d'Urien. On lui avait fait avaler un poison qui tue lentement et sans douleur. L'impression qu'il donnait était celui d'avoir bu un peu trop, et on s'endormait paisible, l'esprit léger, comme quand l'alcohol vous rend joyeux et vous monte à la tête. Elle ne se réveilla plus jamais, mais elle, au moins, eut une belle sépulture. D'abord ce ne fut qu'un sarcophage de pierre tout simple, mais quand il en avait le temps ou qu'il ne parvenait pas à dormir, pendant dix ans, Trajan se mit à l'oeuvre pour l'orne d'arabesque taillée dans la roche, de ses grandes griffes. Ceux qui l'ont vu ce sont étonnés de voir à quel point, encore à ce jour, cet homme qui semble si cruel et sans coeur était profondément attaché à cette femme qui lui avait fait commettre les pires horreurs. C'est la seule preuve matérielle que Trajan est un homme.
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